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Idées-débats .... Pythagore, le retour ?...

26 Novembre 2011 , Rédigé par daniel Publié dans #Idées-débats

Papandréou doit être un sacré joueur de poker en annonçant un référendum quelques jours après la fin du sommet de la zone euro (qui serait dans les choux) de Bruxelles et quelques jours avant le Festival de Cannes nominé G vain. Ah ! Comme il les a bien envoyés sur les roses (ou dans les choux selon.....) la Merkel et le Sarkozy. Sarko ce nabot politique qui se couche en permanence devant Angela pour essayer de sauver sa réélection et qui venait tout juste de s’inviter à la télévision pour s’autoproclamer, avec une honteuse impudence, sauveur de l’Euro.

En faisant cette annonce surprise de référendum, Papandréou  a  fait d’une pierre deux coups en remettant à leur place ces pseudos maitres de l’Europe (dont ce magnifique coup de pied au cul à Sarko) mais également en plaçant  son pays devant ses responsabilités. Il obligeait la droite grecque à soutenir un gouvernement d’union national et à s’engager pour ce plan de  dernière chance avant faillite ; n’oublions quand même pas que Papandréou n’était Premier Ministre que depuis les élections d’octobre 2009  en succédant au gouvernement de droite de Karamanlis et en trouvant des comptes publics complètement trafiqués. Bravo pour ce coup de bluff, parfaitement démocratique mais également très risqué : mais avait-il d’autres choix devant une situation sociale désespérée quasiment insurrectionnelle ?  Ceci dit tout en donnant un coup de chapeau à l’artiste politique je reconnais volontiers ne pas être un fan des référendums. La démocratie, pour bien fonctionner et ne pas conduire par des soubresauts populistes  à la mise en place de régime oligarchique, doit-être représentative.

Le nouveau gouvernement de Monsieur Papadémos, gouvernement d’union national et de techniciens n’est pas la panacée mais au moins il fut démocratiquement validé par la chambre des députés ce qui lui permet de travailler en limitant la casse et en attendant, à moyen terme, de nouvelles élections législatives. Mais il faudra  garder en mémoire comment les marchés financiers et les chefs de gouvernements ont réagi devant les risques du référendum. En gros c’était du « salauds de grecs où fossoyeurs de l’Europe »…..Et la démocratie bordel !  

« Si les démocrates eux-mêmes ne croient plus aujourd’hui à la démocratie, qui demain la défendra ? Si la voix du peuple est à ce point insupportable que le recours aux élections devient illégitime aux yeux de nos élites gouvernantes qu’adviendra-t-il de nos systèmes démocratiques ?» écrivait Arnaud Montebourg sur son blog.

Alors ce coup de poker de Papandréou obligeant tous les partis politiques à réagir, à se mouiller et à ratifier ou non le plan européen et en participant ou non à un gouvernement d’union national provisoire fut une bonne décision, éclairant l'ensemble des citoyens européens, si ce terme générique veut dire quelque chose, sur l'ingouvernabilité démocratique de l'Union européenne.    

Il est quand même symptomatique de voir que  la grave crise qui secoue l’Europe depuis des années et qui atteint son paroxysme depuis cet été, conduit aujourd'hui à propulser au pouvoir des représentants de la dictature des marchés et plus précisément de la banque d’affaires Goldman Sachs : Lucas Papadémos en Grèce et Mario Monti en Italie ou quand les incendiaires se font pompiers.

Voyons maintenant l’avis de Vincent Peillon tel qu’il l’a exprimé sur son blog. « La démocratie est un bien précieux ; c’est aussi un bien fragile. Le continent européen devrait s’en souvenir lui qui, pour l’avoir inventée à Athènes il y a plus de deux mille ans, a connu au long du XXe siècle des tragédies. Certains ont pu croire qu’il suffirait, pour que la démocratie triomphât définitivement de ses ennemis, d’exercer le vote, et de l’exercer de la manière la plus directe qui soit…..  Non, la démocratie requiert bien plus : un espace public, un esprit public, des valeurs, une organisation, une séparation et un contrôle des pouvoirs, une éducation, des solidarités économiques et sociales, une justice.

La crise de l’Europe que nous vivons est une crise économique, mais elle est tout autant et d’abord une crise du politique et de la démocratie…….. Nous n’avons rien à gagner à exiger une succession de référendums nationaux, organisés au gré des nécessités et en ordre dispersé….. Il n’y a pas de crises en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal car il n’y a qu’une crise, et elle est en Europe. C’est l’Europe tout entière qui se plie aux diktats des marchés et des agences de notation, qui pâtit de son impuissance et de son défaut de solidarité. C’est l’Europe tout entière qui est humiliée sur la scène internationale. On s’inquiète de transferts de souveraineté vers l’Europe – mais c’est l’Europe tout entière qui perd doucement sa souveraineté, et avec elle chacune de ses nations….

 L’avenir nous dira rapidement,  d’ici quelques mois, si la crise aura été mieux jugulée dans des pays qui ont changé de gouvernement par le jeu normal de la démocratie et des élections législatives comme en Espagne, Portugal, Irlande ou ceux  qui, devant l’urgence, ont fait ou du faire l’impasse comme la Grèce et l’Italie.  Ils ne pouvaient faire autrement (coup de poker de Papandréou lâchage de Berlusconi par ses alliés), il est toutefois à craindre que la crise ne puisse se résorber tant que l’Allemagne restera sur ses positions sur le rôle figé de la BCE et ses obsessions de risques d’inflation…. Mais dans l’histoire des civilisations a-t-on vu des régimes résorber les dettes publiques ou d’échanges sans dévaluation et sans un petit coup de pouce inflationniste ?

La démocratie qui vit le jour en Grèce antique  il y a plus de 2500 ans a-t-elle amorcé le début de sa fin à Athènes ?

Les premiers maillons de la démocratie furent initiés par Dracon qui a établi en 620-621 av.JC des règles « écrites » de justice puis par Solon qui durant un an,  594-593 avant J.C, devint archonte (dirigeant d’Athènes) après avoir été négociant, soldat et surtout  poète et voyageur. Les citoyens d’Athènes attendaient de lui qu'il remédie à une grave crise économique et sociale qui conduisait bon nombre de citoyens en esclavage pour cause de dettes (déjà !)  réduisant ainsi dangereusement le nombre d’hommes libres pour défendre et assurer la sécurité de la cité. Il abolit l’esclavage pour dettes, affranchit ceux qui étaient tombés en servitude pour cette raison, réduisit l’ensemble des dettes, affranchit toute forme de redevance sur le travail de la terre et mit en place l’Héliée un tribunal du peuple….. Puis il abandonna le pouvoir s’en retournant à ses voyages et à ses poèmes. Qui sera le Solon du XXIe siècle ? Certainement pas Sarkozy ou Merkel !

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Aristote 250 ans plus tard écrivait : « Solon n'a vraisemblablement attribué au peuple que le pouvoir strictement nécessaire, celui d'élire les magistrats et de vérifier leur gestion (car si le peuple ne possède même pas sur ce point un contrôle absolu, il ne peut être qu'esclave et ennemi de la chose publique) »

Les réformes de Solon préfiguraient la démocratie, mais la période trouble qui suivit amena au pouvoir en 541 av. J.C. un homme fort, Pisistrate, qui en rétablissant l’ordre a finalement renforcé la marche vers la démocratie bien qu’il fut lui-même qualifié de tyran avisé.

  A sa mort en 527 av .J.C. ceux qui lui succédèrent, ses fils, imposèrent un régime  dictatorial sans avancée moderniste qui faisait un grand tort aux affaires des grandes familles aristocratiques et en 510 avant J.C celles-ci portèrent au pouvoir l’un des leurs Clisthène et c’est lui qui  sera considéré par les philosophes et les historiens comme le vrai père fondateur de la démocratie.

 Clisthène se démarqua rapidement de ceux qui l’avaient amené au pouvoir. «  Sa réforme supprime le pouvoir régional des familles de l'aristocratie et créé un « corps civique » : l’assemblée du peuple ou ecclésia, composée de tous les citoyens ayant achevé leur service militaire et jouissant de leurs droits civiques.

La boulé remplace le conseil des Quatre Cent de Solon. Elle est composée de Cinq Cent membres, à raison de 50 par tribus, les bouleutes. Chaque dème peut présenter un certain nombre de candidats calculé au prorata de sa population. La désignation se fait par l'élection, et après Clisthène par tirage à la fève. Ainsi l'Attique est représentée de manière cohérente à la Boulé. Pour être élu, il faut avoir 30 ans et le mandat, d’un an, peur être renouvelé une fois, mais pas deux années de suite. »

Cependant le fonctionnement des institutions ne fut pas totalement bouleversé par Clisthène  car le pouvoir exécutif restait aux mains des archontes désignés par les aristocrates. Par contre, il donna du pouvoir à l'Assemblée en matière législative. Le nouveau système permit un mélange des citoyens, indépendamment de leur naissance et de leur fortune. Le régime instauré par Clisthène répartit donc le pouvoir entre le peuple et les aristocrates.

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La démocratie Clisthénienne résista au vent de l’histoire. Une cinquantaine d’années plus tard  son petit neveu Périclès qui fut sans doute le plus glorieux chef d’Etat Athénien affirmait :

« Notre constitution est un exemple à suivre. Du fait que l'Etat, chez nous, est administré dans l'intérêt de la masse, et non d'une minorité, notre régime a pris le nom de démocratie. En ce qui concerne les différends entre particuliers, l'égalité est assurée à tous par les lois ; mais en ce qui concerne la participation à la vie publique, chacun obtient la considération en raison de son mérite, et la classe à laquelle il appartient importe moins que sa valeur personnelle. Enfin, nul n'est gêné par la pauvreté et par l'obscurité de sa condition sociale »

   Ce qui est plus troublant de cette leçon d’histoire glanée sur internet est l’influence affirmée de l’école Pythagoricienne  sur Clisthène : 

Oui je parle bien  de Pythagore (580-495 av.J.C) mathématicien de l’hypoténuse, l’obsédé des nombres entiers et de la racine carrée de 2, valeur qui devait rester secrète, mais aussi le Pythagore vaguement philosophe, du moins inventa-t-il  le mot philosophie, le mystique musicologue, astrologue ou cosmologue…. Bref le VIP fourre-tout autoritaire qui a beaucoup emprunté (y compris le carré de l’hypoténuse)  et bien peu apporté…. Si on en croit ce que l’on  peut lire sur Google…… Et qu’on ne me dise pas que dans un pays lambda le carré de la dette publique est égal à la somme du carré du nombre de chômeurs et du carré du déficit de la balance des paiements….. Je ne le croirais pas….

...... Encore que ? En définissant bien les unités ! ….Mon oncle un sacré bricoleur dirait : « Y a quelque chose qui cloche là dedans….j’y retourne immédiatement….. ». 

De retour de ce voyage vers nos origines et racines carrées démocratiques grecques je me suis plongé dans la lecture de débats du journal "Le Monde" du 18 novembre dernier « L'Europe peut-elle se réinventer grâce à la crise" ?». 

Ca fait du bien de lire les points de vue intelligents de philosophes ou professeurs comme J. Habermas, G. Raulet, Y.C. Zarka, J.M. Guehenno, P.Perrineau mais ça ne rassure pas vraiment pour autant, dans la mesure où ils relèvent presque tous le déficit démocratique des institutions de l'UE, certains se demandant même si l'Europe n'entre pas dans une ère post-démocratique. Suis-je vraiment beaucoup plus outrancier avec mon analyse historique et quelques sophismes présocratiques ?   

 

(A suivre)

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F
Excuse-moi, ma poule, mais Perrineau c'est une belle merde, et je ne prendrais pas ses propos comme une référence. Pour le reste je suis asez d'accord avec toi. Bises.
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