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Ciné-cure.... L'été meurtrier.

16 Juillet 2010 , Rédigé par daniel Publié dans #ciné-cure

Enfin ! Enfin le monde politique et la presse me permettent de consacrer un article à un grand réalisateur français, Jean Becker. A la fin du précédent billet ciné-cure je me désespérais de ne pouvoir parler de Claude Sautet, faute de titre de films me permettant de railler le monde politique et, bien sûr, prioritairement la majorité, l’équipe au pouvoir et si possible en égratignant l'envahissant.

« Les vacances de Monsieur Hulot » et « La Révolution française » m’ont permis d’évoquer Jacques Tati et Robert Enrico mais c’était aussi l’occasion de parler de mon oncle Didi qui a travaillé sur les décors et effets spéciaux de ces films (Il en est de même pour « Le jour le plus long » une réalisation américaine).

J’ai évoqué, très sérieusement et très sincèrement, Claude Pinoteau avec « La Gifle », Henri Verneuil avec « Le Président », Bertrand Tavernier, que j’adore, pour « Coup de Torchon », Jean Paul Rappeneau avec «Tout feu tout flamme ». J’ai aussi fait des billets sur Gérard Oury et Jacques Véber grâce à « La folie des grandeurs » et « Les compères » mais là je dois bien avouer que l'utilisation des titres étaient plus un prétexte qu'un engouement pour ces réalisateurs dont tout n’est pas à regarder.  ….

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Finalement,  ce jour,  je n'ai consacré que sept (7) des trente cinq (35) billets de ciné-cure au cinéma français... j'ai honte ! Il va me falloir triturer des tîtres de films de Sautet, Berri, Boisset, Annaud, Besson,... pour en tirer la substantielle moelle politico-caustique et équilibrer mon bilan. 

Et puis, tout à coup, le journal  « Le Point » qui n’est pas un journal gauchiste, loin s’en faut, titre la semaine dernière sur « L’été meurtrier » en me volant une idée qui commençait à germer….

Oui, je sais ! Depuis, la veille du 14 juillet, le Président a parlé et une une enquête interne du ministère des finances a blanchi M. Woerth, …. mais je fais partie des 2/3 des français pas ou peu convaincus…. Je n’en dirai pas plus …. On ne tire pas sur une ambulance..... sans compter les infos d'aujourd'hui et M. Wauquiez qui pourrait bien avoir, lui aussi, le nez qui s'allonge  

Et en plus voilà t’y pas que depuis 48 heures je pourrais même évoquer Claude Miller, que j’adore aussi, en titrant «  Garde à vue »......mais il me faut être raisonnable, ne pas succomber à la tentation, à la gourmandise … c’est beaucoup trop tôt….. Surtout que personne ne sait pas trop où nous emmène la « courroye » de transmission...... Patience !

C'est donc avec beaucoup de plaisir que je peux enfin parler de Jean Becker.... « Tout est bon chez lui, il n'y a rien à jeter, sur l'île déserte il faut tout emporter ». J'ai d'ailleurs, déjà  utilisé il y a  quelques jours l'un de ses titres « Dialogue avec mon jardinier » mais ce n'était pas pour parler de cinéma mais de politique;... comme quoi les cloisons entre les différentes rubriques de mon blog ne sont guère étanches.

Jean Becker a une carrière de réalisateur irrégulière, qui n’a finalement trouvé son style très particulier, sa marque de fabrique, que la cinquantaine passée.

   Il a pourtant commencé très jeune à vingt ans comme assistant réalisateur de son père, Jacques Becker, dans « Touchez pas au grisbi » en 1953, avec Jean Gabin. Il tourna plusieurs films avec son père jusqu’au dernier en 1959 « Le trou ». Durant cette période il travailla aussi avec d’autres réalisateurs comme Henri Verneuil et Julien Duvivier.

Après le décès de son père il se lança dans la réalisation avec « Un certain La Rocca » en 1961 (il n’avait que 28 ans)  avec Jean Paul Belmondo, un film tiré d’un roman de José Giovanni. Malgré le succès du film, Giovanni se déclara déçu du film et il tournera, lui-même,  dix ans plus tard, une nouvelle adaptation intitulée « La scoumoune » et toujours avec Belmondo.

Becker s’était lié d’amitié avec Belmondo et tourna avec lui deux nouveaux films « Echappement libre » en 1964 et « Tendre voyou » en 1966.  La décennie 60 fut la période de mutation de l’acteur Belmondo qui passait de Godard à Melville ou Verneuil et De Broca. Les films de Becker eurent du succès mais n’était-ce pas plutôt Belmondo qui remplissait les salles ? Il faudrait que je revoie ces films dont les cinéphiles disent le plus grand bien, mais Jean Becker abandonna alors le cinéma  pour se reporter sur la réalisation de séries télévisées ou des courts métrages publicitaires….

Il bouda le cinéma pendant dix sept ans pour n’y revenir qu'en 1983 avec un chef d’œuvre « L’été meurtrier » avec Isabelle Adjani, Alain Souchon, Michel Galabru, Suzanne Flon, François Cluzet…. Le film est tiré du roman de Sébastien Japrisot, qui l’adapta en scénario et dialogues. Pour réaliser ce film Jean Becker s’appuie aussi sur son frère Etienne Becker. Le tournage eut lieu en Provence, dans le Vaucluse et notamment à Carpentras et Gordes.

L’histoire raconte la machination d’une jeune femme, psychologiquement fragile, pour venger sa mère qui fut victime d’un viol collectif dont elle est le fruit et allant jusqu’à séduire et se faire épouser par le fils d’un violeur.

Le film fut présenté au festival de Cannes 1983 puis reçu quatre récompenses aux César 1984 dont la meilleure actrice et le meilleur scénario.

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Curieusement, après cet immense succès Jean Becker attendit encore douze ans avant de réaliser en 1995 le film suivant « Elisa ». C'est encore une histoire de jeune femme fatale qui cherche à retrouver son père musicien qu’elle croit-être responsable du suicide de sa mère. 

Dans ce  film atypique Becker nous entraîne des foyers de la DDASS de la banlieue parisienne à la vie  paisible et décalée des habitants de l’île de Sein. Un bon film populaire où on se laisse emporter. La confrontation entre Gérard Depardieu et Vanessa Paradis est magnifique. On trouve aussi Clotilde Coureau et Philippe Léotard qui fait une interprétation étonnante de Gainsbourg à qui le film est dédié

En 1999 Jean Becker donne une nouvelle orientation à son cinéma. Il abandonne lles femmes vengeresses pour se recentrer sur les bienfaits de la nature et de l'amitié en nous offrant le très poétique et nostalgique  « Les enfants du Marais ». Une belle histoire, un mélange délicieux de mélancolie, d'humour, de charme et d'émotion avec les interprètes parfaits pour nous faire réver : Jacques Villeret, Jacques Gamblin, Michel Serrault, André Dussolier, Gisèle Casadesus, Eric Cantona...etc... du bonheur paisible entre la pêche à la grenouille, des promenades en vélo , un village de l'Ain avec son café son lac, son marais.

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Magnifique même si un critique malveillant eut l'imbécilité de parler de  « pétainisme light ».  Ce très beau film ne reçut qu'une seule récompense : l'attachement du public 

 Jean Becker a également fidélisé ses interprêtes  ce qui a peut-être nuit  à la réussite des deux films qui suivirent qui n'obtinrent qu'un succès d'estime. 

 « Un crime au paradis » en 2001 avec Jacques Villeret et Josiane Balasko, André Dussolier, Suzanne Flon. Le film est un remake de « La Poison » de Guitry, adapté par Japrisot et qui fut tourné en Beaujolais à la Ferme Reverdy. 

« Effroyables jardins » en 2003 avec toujours Villeret, Dussolier, Suzanne Flon mais en plus Thierry Lhermitte et Benoit Magimel. Le film est tiré du roman de Michel Quint qui fut adapté par plusieurs scénaristes et dialoguistes, Japrisot, Comos et Levant. Pour l'essentiel le film fut tourné en région Rhône-Alpes

Si Becker a attendu 2007 pour sortir le très beau « dialogue avec mon jardinier » c'est que le jardinier devait être Villeret. Après son décès le film fut remodelé pour le duo Jean-Pierre Daroussin et Daniel Auteuil respectivement Dujardin et Dupinceau. Un très beau film tiré d'un roman d'Henri Cueco, adapté par Jean Cosmos. Le roman avait pour cadre la Corrèze mais le film a été délocalisé une nouvelle fois en Beaujolais.

C'est l'histoire de la renaissance d'une amitié enracinée dans l'enfance de deux hommes qu'en apparence tout sépare. Chez Becker l'amitié c'est l'acceptation de l'autre tel qu'il est. 

Son public, et j'en suis, se reconnait dans ces histoires passéistes et nostalgiques. Un très beau film pudique et émouvant interprété par deux acteurs magnifiques.

La campagne et / ou le village provincial servent de cadre aux films de Becker dont le thème récurent est le  temps qui passe. Temps qui passe pour une vengeance comme dans « L’été meurtrier » ou « Elisa » ou pour dépeindre une période trouble comme la seconde guerre mondiale dans « Effroyables jardins » ou encore pour retrouver l’amitié, des bonheurs d’avant  comme dans « les enfants  du marais » et « Dialogue avec mon jardinier ». On retrouve ces éléments dans les deux derniers films « Deux jours à tuer » et « Le cœur en friche ». Becker montre cependant qu’il peut surprendre et se renouveler : d'abord il est plus prolixe, un film en 2008 l’autre en 2010 et c’est tant mieux car le bonhomme a maintenant 77 ans et j’aimerai bien qu’il puisse faire encore beaucoup d'autres.

Il change aussi de régions de tournage puisque il tourné le premier dans la Manche et en Irlande et à Pons en Charente Maritime pour le dernier. 

 Il peut aussi changer d’acteur et nous surprendre comme le choix d’Albert Dupontel pour son film le plus sombre, pour jouer Antoine le  personnage principal  de « Deux jours à tuer » qui est un homme  « heureux dans sa vie familiale et professionnelle qui décide méthodiquement de détruire méthodiquement ce qu’il a mis des années à bâtir…… l’ombre de la mort plane sur cette intrigue via une réflexion pertinente sur le souvenir que l’on laisse a ses proches lors de son dernier souffle….. Deux jours à tuer apparait comme une œuvre crépusculaire… » Selon la critique de Thierry Cheze de Studio magazine.

Le scénario est une libre adaptation d’un roman de François d’Epenoux. Pour la distribution Becker a retenu Marie Josée Croze qui joue le rôle de Cécile la femme d’Antoine et Pierre Vaneck pour jouer le père.

Le père d’Antoine vit en Irlande et tous les deux ne se voient plus depuis de très nombreuses années. Antoine qui se sait condamner à court terme choisit d’aller mourir près de son père pour essayer de comprendre les raisons de cet abandon. Ce film sera le dernier de Pierre Vaneck qui mourut début 2010. Quand on sait que Pierre Vaneck était le beau-frère de Becker, l’époux de sa sœur, cela amplifie le côté testamentaire de ce film.

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Pour le dernier film  « Le cœur en friche ».  je ne m’étendrai pas trop sinon que pour conseiller d’aller le voir car il est sorti en juin et qu’il est encore à l’affiche dans de nombreuses salles. 

Le scénario de Jean Loup d’Abadie (une nouveauté chez Becker) est tiré du roman éponyme de Marie Sabine Roger. On retrouve dans le rôle du naïf du village un Depardieu en état de grâce face à la charmante et pétillante Gisèle Casadesus (96 ans). Les seconds rôles comme Maurane, Stévenin, Bouchitey, Demaison, Claire Maurier sont parfaits. «  Une fable où Germain (Depardieu) découvre la magie des mots grâce à Marguerite (Gisèle Casadessus)… » Selon la critique d’Emmanuel Cirodde de Studio Ciné live.  

 Non ! Je ne vais pas revenir sur l’été meurtrier du pouvoir politique. On verra ça fin août car je suis persuadé que ce n’est pas fini…. Avec le ministre qui semble tellement honnête avec sa voix si douce et calme ….ptn quel commédien, quel acteur il ferait…..Dussolier, Auteuil et  Depardieu n’ont qu’à bien se tenir car si l’envahissant devait le virer en octobre…. Il pourrait bien intéresser Jean Becker.

 

(A suivre )

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