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Histoire de rôles...... Biographie de Jacques de Liniers....

4 Octobre 2010 , Rédigé par daniel Publié dans #Histoire de rôles

J’espère que les descendants de Jacques de Liniers (j'ai eu hier un message en ce sens et quelques lecteurs inhabituels via face book), me pardonneront mon impudence d'écrire un article biographique sur leur ancêtre, alors que dans mon précédent billet j’avouais n’avoir entendu parler de lui, pour la première fois, qu’en juillet dernier.

Le précédent article était, en fait, un billet d’humeur contre la ville de Niort, ses habitants, ses élus qui n’ont pas voulu, dans le passé, promouvoir ou simplement faire connaitre le fabuleux destin de cet enfant du pays. Merci encore à l’association qui a ouvert une brèche dans l’ignorance collective et merci aux journaux locaux d’avoir su présenter puis couvrir l’évènement.

De Liniers

Depuis fin juillet je suis habité par le personnage. Quelle extraordinaire saga, quel magnifique film pourrait être tiré de cette aventure (un film ou téléfilm, « Cabeza del tigre » fut réalisé en Argentine en 2001). Dès le premier article je me suis jeté sur « google » et je fus subjugué par ce que je lisais. J’ai cherché des livres de référence, mais il n’y a pas grand-chose, de rapidement disponible et en langue française (Deux ou trois livres à la bibliothèque municipale consacrés à l’histoire de l’Argentine). Heureusement lors de la commémoration un livret fut remis aux invités avec de beaux textes, en version française et espagnole, ce qui a fait deux heureux chez nous. Je veux citer les textes du colonel Gaëtan de Raucourt, du professeur Philippe Bonnichon et du professeur Manuel Bustos Rodriguez.

Parmi les sites internet je dois référencer l’inévitable mais intéressant Wikipédia mais aussi celui de l’association «Mémoire Jacques Liniers» http://jacques-de-liniers.wifeo.com et un autre site très instructif, en cinq parties, référencé http://jacques-de-liniers.latitud-argentina.com

Bien sûr j'ai pioché ici et là quelques extraits mais j'ai surtout étudié et cherché à retranscrire ce que j'avais appris en évitant le copier-coller inutile. Je connais mes lecteurs « directs », hors moteur de recherche, et je sais que pour la plupart ils seront, comme moi, étonnés de découvrir ce personnage au destin si extraordinaire. 

Jacques de Liniers, naquît à Niort le 25 juillet 1753. Quatrième enfant d’une famille de noblesse poitevine il fut envoyé à douze ans sur l’île de Malte pour suivre une formation religieuse et militaire. Trois ans plus tard il rentra en France, en ayant le droit de porter la croix de Malte, pour rejoindre comme sous-lieutenant le régiment de cavalerie Royal-Piémont.

La France, qui sortait de la guerre de sept ans, n’aspirait plus qu’à vivre en paix avec ses voisins et les restrictions budgétaires imposées à l’armée ruinaient les perspectives d’avenir des jeunes officiers qui se morfondaient en garnison. Liniers démissionna en 1774 et tourna son regard vers l’Espagne qui préparait une expédition militaire contre Alger. Il s’engagea comme volontaire et, si l’aventure nord africaine ne fut pas un franc succès pour l’Espagne, de Liniers s’en sorti à son avantage car, bien qu’étranger, il fut admis en 1775 au collège des gardes-marines dont il sorti, diplômé, enseigne de frégate.

Sa première expédition comme sous-officier de la couronne d’Espagne l’entraîna au large des côtes du Brésil pour en découdre avec les portugais, mais en 1777 les deux pays voisins signèrent la paix.

Heureusement pour le jeune et fougueux Liniers en 1778 les colonies d’Amérique du nord se révoltaient et la France et l’Espagne trouvaient une bonne occasion pour aller chercher querelle à leur vieille ennemie, l’Angleterre, en soutenant les insurgés. Entre 1780 et 1782 de Liniers se couvrit de gloire notamment en s'emparant, de façon audacieuse, de navires britanniques. Après ces beaux faits d’armes, il fut promu au grade de lieutenant de vaisseau. Devant de tels succès l’Espagne essaya alors de déloger les anglais de Gibraltar. La tentative de prendre la place échoua mais Jacques de Liniers se couvrit à nouveau de gloire en enlevant un vaisseau anglais qui cherchait à forcer le blocus pour ravitailler les assiégés. Ce nouvel exploit lui valut le grade de capitaine de frégate, ce qui constituait, moins de sept ans après sa sortie de l’école navale, un avancement sans précédent dans la marine espagnole…..et qui, plus est, pour un français. Cette année là, en 1783, il épousait Jeanne de Menviel une jeune et très riche espagnole d’origine française qui lui donna un fils, puis une fille avant de mourir sept ans plus tard, quelques mois après leur installation en Argentine. 

Liniers-Voulainesjacques-de-Liniers-execution

L’Angleterre avait signé le traité de paix de Versailles, il fallait donc ouvrir un nouveau front de guerre et l’Espagne se tourna à nouveau, en 1788, vers l’Algérie, sans plus de succès qu’en 1775. Jacques de Liniers fut choisi pour négocier la paix avec le Bey d’Alger. Grâce à ses talents de négociateur et les liens personnels qu’il tissa avec le souverain maure, celui-ci accorda la libération de tous les prisonniers espagnols, français et italiens. La cour d’Espagne stupéfaite de cet admirable succès diplomatique…..lui confia, le commandement du Rio de la Plata.  

 En 1788, il embarquait pour le Rio de la Plata où il s’intègra rapidement à la colonie espagnole mais il eut le malheur de perdre sa jeune épouse en 1790. En 1791 il épousait Martina de Sarraeta, jeune femme issue d’une des plus riches familles de Buenos Aires et en 1792, il était nommé capitaine de Vaisseau

De 1796 à 1802, il commandait une flottille légère destinée à la défense des côtes de cette riche colonie espagnole que convoitait l’Angleterre. Il fut nommé, par le vice-roi, gouverneur politique et militaire du territoire des missions jésuites du Paraguay en 1802. C’est au cours d’un voyage de retour sur Buenos Aires qu’il perdit sa seconde femme, Martina de Sarratea, qui lui laissait huit enfants. En 1805, Jacques de Liniers était un homme abattu, veuf, ruiné et chargé d’une famille nombreuse, mais les visées de l’Angleterre sur le Rio de la Plata allaient lui permettre de se relever. Une expédition conduite par l’amiral Popham et le général Beresford, faisait route toutes voiles dehors sur la colonie du Rio de la Plata.

Les Anglais s’emparèrent de Buenos Aires, abandonnée par le vice-roi, le marquis de Sobremonte, fin juin 1806. Jacques de Liniers n’était pas sur place mais à 53 ans avec son expérience militaire, sa bravoure, sa réputation, et ses talents de persuasion, il était l’homme de la situation. De Montevideo, il monta en quelques jours une expédition pour reprendre Buenos Aires ; à la tête d’une troupe d’un millier de volontaires, mélange de corsaires français, de miliciens créoles, et aidé par la population il reprit la ville et fit prisonnier le général Beresford et 1500 soldats anglais. Traité en héros  par la population de Liniers se vit confier le commandement militaire et la vice-royauté.

 Mais les britanniques ne renonçaient pas à leur projet de conquête et six mois plus tard, une seconde escadre riche de 5000 hommes se présentait dans le Rio Plata et s’emparait en février 1807 de Montevideo avant de se lancer en juillet sur Buenos Aire. Mais de Liniers avait eu le temps d’organiser la résistance, avec l’aide des habitants et une nouvelle fois les britanniques furent culbutés, défaits.

Fouqueray1Abordage-bateau-anglais

Après de quelques jours de luttes incertaines le général anglais Whitelocke dut s'avouer vaincu et accepta les conditions de Jacques de Liniers, rembarquait ses troupes, et les britanniques quittaient définitivement les côtes d’Amérique méridionale.

Jacques « Santiago » de Liniers était encore une fois acclamé par la foule en délire et porté en triomphe. Héros de la Reconquista et de la Defensa, Jacques de Liniers fut fait comte de Buenos Aires et nommé Vice-roi par intérim du Rio de la Plata. Le premier acte de Liniers fut de nommer un compagnon d’arme, Elio, gouverneur de Montevideo ; mais celui-ci allait rapidement devenir l’un de ses plus farouches ennemis.

 En 1808, la monarchie espagnole s’écroulait devant Napoléon qui installait son frère Joseph au pouvoir. Le roi Charles IV abdiqua mais en faveur de son fils Ferdinand VII. En Espagne la résistance s’organisait contre l’envahisseur et l’Angleterre devenait du coup l’alliée de l’Espagne et du Portugal.

 En Amérique du sud les colons qui avaient été déçus par l'impuissance de la monarchie, rêvaient de plus en plus d’indépendance et la ferveur pour Jacques de Liniers s’émoussait d’autant plus vite qu’il était français et donc suspect de sympathie pour le nouveau régime.

 De son côté Napoléon espérait un appui des colonies et réalisant que le vice-roi par intérim était français il dépêcha un émissaire, le marquis de Sassenay pour l’approcher. L’attitude de Liniers fut ambigüe, car si, fidèle aux Bourbons espagnols, il déclina en réunion de cabinet les propositions de Napoléon, demandant même à Sassenay de rentrer en France, il reçut ensuite le Marquis chez lui, en tête à tête, faisant naitre les plus fortes suspicions dans la colonie.

 De passage ensuite à Montevidéo, Sassenay fut quelques temps emprisonné par Elio.

 La mésentente s’accentuait entre Montevidéo et Buenos Aires ; alors qu’en août 1809 Liniers prêtait serment au roi Ferdinand VII pour bien montrer qu’il n’était pas à la solde de Napoléon,  Elio de son côté refusait de prêter serment, faisant ainsi les premiers pas vers une indépendance vis-à-vis de l’Espagne et une scission entre Montevideo et Buenos Aires.

Pour essayer de calmer le jeu, Ferdinand VII nomma un nouveau vice roi à Rio de la Plata, Cisneros. De Liniers s’inclinait et se retirait à Cordoba s’éloignant de Buenos Aires. Cet éloignement était une nouvelle erreur car il conservait malgré tout une réelle reconnaissance populaire.

Le nouveau vice-roi commettait beaucoup de maladresses qui renforçaient les partisans de l’indépendance et bientôt Buenos Aires basculait à son tour. Une junte prit le pouvoir le 22 mai 1810, elle était composée de bourgeois,  de nombreux commerçants et industriels qui avaient pour seule idéologie que les affaires reprennent enfin et vite !  

  Liniers répondit favorablement à un appel au secours désespéré de Cisneros, le vice-roi qui l'avait remplacé sur décision royale et qui venait d'être destitué par la junte.  

Il chercha à organiser une milice pour étouffer le soulèvement survenu à Buenos Aires, et rétablir l’autorité de la monarchie espagnole, mais c'était trop tard, l'indépendance était en marche et ses troupes l'abandonnaient.

 Il fut arrêté et exécuté sur ordre du nouveau pouvoir, le 26 août 1810, à Cabeza del Tigre.

 Les cendres de Liniers reposèrent à Córdoba jusqu'en 1862, date à laquelle elles furent transférées au Panthéon de Cadix en Espagne.

 

(A suivre)

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