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Saga Africa & Co.......Un site de verdure redux

24 Février 2008 , Rédigé par daniel Publié dans #saga africa

   Un site de verdure redux…… ou pour rester dans la métaphore cinématographique j’aurai pu intituler cet article « un homme se penche sur son passé »…..c’était un peu ça ce samedi 9 février 2008, il y a 15 jours. Pilou et moi, nous étions arrivés à Rabat la veille en milieu d’après midi. Nous étions venus profiter de l’hospitalité de notre ami Alain qui est en mission pour quelques mois au Maroc, pour pouvoir visiter ou plutôt découvrir sur quelques jours, les villes impériales dont notamment Fès et Meknès (j’en reparlerai dans un prochain billet de …voyage).

Si nous étions arrivés un vendredi c’était pour pouvoir profiter du week-end d’Alain qui s’était proposé de nous accompagner, nous conduire…., notamment pour aller visiter, dès le 1er jour, « mon » barrage….ce barrage sur l’Oum r’bia, dont je lui rebattais les oreilles, cet ouvrage emblématique qui nous a permis de vivre au Maroc entre 1976 à 1979, une aventure que j’ai déjà relatée dans un précédent billet (Saga Africa & Co …un site de verdure où coule …. 
Nous avons quitté Rabat le matin vers 8 h 30 et comme il y a maintenant une liaison autoroutière vers Marrakech c’est en un peu moins de 2 heures que nous avons rejoint Settat (il y a 30 ans il fallait plus de 3 heures). Jusque là rien à dire, pas encore d’émotion, l’autoroute c’est efficace mais peu romantique…
En arrivant sur Settat je commençais à écarquiller les yeux et à laisser remonter des images enfouies dans ma mémoire : Fallait-il sortir à Settat ou à Skour de Rehamma ? Cette dernière sortie nous aurait fait revenir en arrière sur près de 30 km, on est donc sorti à Settat, pour arriver sur le site avant midi. La route entre Settat et Mechra Bennâbbou me semble en bien meilleur état que dans mes souvenirs et puis cette zone agricole me parait plus verdoyante…. Encore que.....nous sommes en février et elle est toujours verdoyante à cette époque…… au fil des kilomètres nous traversions des lieux autrefois familiers : El Khemisset, Souk ek Had des Mzoura, Sidi Rabhal et enfin Mechra Benâbbou….., la route du barrage est sur la gauche avant ce village. Un débat s’instaure entre Pilou et moi…. Y avait-il une ligne de chemin de fer le long de la route ?….mais oui,…mais non… Elle y était bien sûr et l’un de nous deux avait raison…

 La route du barrage est en très mauvais état et pour cause, il y a 2 carrières de granulats sur le trajet… et il y a aussi un poste dispatching d'électricité…. Par contre le paysage est resté, sensiblement le le même,  désertique… de part et d’autre de la route ce sont toujours les étendues de caillasses …, avec parfois, au détour d’un virage, un point d’eau, une noria, presque une oasis, quelques masures, à toit plat, semi enterrées…..
S5300008.JPGS5300007.JPG
   Certes un hameau s’est transformé en petit village, plus loin un autre parait complètement abandonné…, sans doute le résultat d’une politique de rassemblement. Je suis un peu déçu par ce parcours.., où est l’effet bénéfique de la retenue ? Où est le site de verdure vanté sur internet ?
  Brutalement, à la sortie d’un virage nous tombons sur une barrière : « Entrée interdite »…, ce que je craignais. Sur la gauche une piste part vers El Borouj et contourne le site.
Il y a, devant la barrière, un brave gardien, un homme d’un certain âge, du moins plus de 50 ans …, je vais essayer de parlementer… .il ne parle pas très bien français … mais il fait les efforts pour essayer de me comprendre… j’éveille son attention quand je lui dit que j’ai travaillé à la construction du barrage :
« Tu étais Campenon ? » me demanda t-il. (Campenon, l’entreprise qui a réalisé l’ouvrage)  
« Non moi j’étais pour la Direction de l’Hydraulique » et je lui cite des noms de responsables marocains…. mais lui ce sont les français qu’il a en tête…… et il m’énonce une liste de responsables de l’entreprise du directeur aux chefs de chantier… bien sûr que je les ai tous connus …. mais que sont-ils devenus depuis ?
Je suis incapable de lui dire…. ça fait 30 ans….. mais quand je lui dit que je vois  régulièrement mon copain Cova…. alors là il manifeste sa joie …Ah ! Monsieur Cova !
« J’ai travaillé avec lui… très bien, le plus gentil….. avec M. Samo pour la carrière… comment ils vont M. Cova et M. Samo»
« Cova ….je lui dirai… que je vous ai rencontré » Quant à  Samo ? il avait près de 60 ans il y a 30 ans alors….."je ne sais pas."
Omar ……est content
« Alors vous me laissez passer ? »
« Ce n'est pas possible …. il faut une autorisation….. »
Déçus nous nous apprêtons à faire demi tour, quand un véhicule arrive….. Omar se met au garde à vous…. un monsieur, en civil, descend et me demande ce que je fais là …. C'est le lieutenant responsable du poste de gendarmerie du site. Il parle un peu en arabe avec Omar et revient vers moi. Il me confirme que le site est protégé et que l’on ne peut entrer sans autorisation. Je reprends mes explications et il se dit surpris et content qu’un français revienne, si longtemps après, revoir l’ouvrage. L’entretien devient chaleureux mais pour lui il est toujours hors de question que je puisse approcher du barrage et de l’usine hydro-électrique. Je cite encore de nombreux noms d’ingénieurs marocains qui étaient des collègues, des amis…. tout à coup je pense à mon cher ami Lakmi mon chef d’équipe au laboratoire. Je me souviens qu’il était entré au service de maintenance de l’ouvrage à la fin du chantier. Je vois que j’ai fait mouche… le lieutenant me demande de le suivre jusqu’au bureau….. on se gare même devant mon ancien laboratoire repeint en jaune et vert…. il se renseigne et m’indique que Lakmi est absent jusqu’à lundi car il est rentré chez lui pour le week-end…. mais il l’appelle avec son portable…. ils se parlent en arabe, mais je vois que le gendarme a le sourire. Il me passe  son téléphone et je reconnais la voix de mon ami…. 
« Allo Monsieur Baudin comment vas-tu ? Tu es enfin revenu au Maroc, et tu viens voir le barrage. C’est gentil mais il aurait fallu nous prévenir.... mais est-ce que tu peux passer me voir à Settat en repartant à Rabat.»
Evidemment que j’ai envie d’aller le voir ; je me retourne vers Allain : Safi et Oualidia ça sera pour une autre fois..... :
« Pas de problème on va voir ton ami » me répond Alain.
Le lieutenant est désolé mais on ne pourra pas s’approcher du barrage et de l’usine :
« il vous faudra revenir une autre fois et aussi penser à demander une autorisation. »
En retournant vers la sortie le gendarme passe devant notre ancienne maison. Emotion…ça a vieilli… mais ça reste coquet.
 S5300003.JPG
De retour à la barrière le lieutenant et Omar me donnent l’accolade…. et puis ils me signalent que de la piste qui prend la direction d’El Bourouj on voit la retenue. J’ai même pu accéder, hors zone sécurisée, à une digue de fermeture et admirer l'étendue :
Le niveau de l’eau est très bas à peine 40% de la capacité… il faut dire que ces dernières années ont été marquées par une forte sécheresse et qu’il faut régulièrement lâcher de l'eau par les vidanges de fond pour alimenter les villes et les industries de la côte. 
Le grand quotidien marocain "Le Matin" en 1ère page a fait un article sur la situation de la campagne agricole qui est très préoccupante : "Les dix prochaines journée seront décisives' sera son  titre le 16 février.
 
Nous avons repris la direction de Settat. A 10 km de la ville j’appelle Lakmi : Il me donne rendez vous au centre ville devant un commerce. J’avais quitté un jeune homme de 25 ans très brun au cheveux longs et je retrouvais un homme mur de 54 ans aux très courts cheveux gris : mais il n’a pas vraiment changé….  comme moi d'ailleurs. 
  Il nous a emmené chez lui, présenté sa femme et ses 5 enfants, 3 filles et 2 garçons : On est au Maroc : les filles me serrent la main et embrassent Pilou et les garçons font l’inverse : c’est touchant. 
  Nous avons passé plus de 2 heures chez Lakmi : il nous a offert une collation ; on a évoqué nos souvenirs d’anciens contrôleurs,  revisité ces nuits passées à suivre les bétonnages.
  il nous a parlé des études de ses enfants dont il est si fier (son aînée est née quelques mois avant que nous ne quittions le Maroc). Il nous a demandé des nouvelles d’Eric et Cécile…. enfin de simples conversations d’amis heureux de se retrouver après une si longue séparation.
Et puis il a fallu à nouveau se quitter, mais non sans avoir promis de se revoir, de revenir pour faire des parties de pêche..... l’an prochain.  
   Inch Allah, mon ami.
 
 (b-es-slâma)
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