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L'avant Didi .....la pêche à la lignée.

4 Septembre 2007 , Rédigé par daniel Publié dans #Didi

Après 40 ans de vagabondage, un peu partout en France et en Afrique, je voulais profiter d’un retour en métropole pour essayer de m’enraciner. J’eusse, nous eussions, aimé quelque chose du côté de Nîmes où nous avions une maison, mais nous n’en faisions pas une fixation car le charme de cette ville et le plaisir de la vie méditerranéenne sont largement compensés par l’omniprésence insupportable du Mistral ; que mes amis du midi me pardonnent cet aveu.
Quand je quittai le Cameroun début juillet 1986, et selon les informations qui m’avaient été transmises, j’étais destiné à rejoindre le chantier du tunnel sous la Manche ; participer à un tel chantier était une perspective excitante ; Pilou faisait grise mine en pensant à la couleur du ciel en bord de Manche, et puis encore un grand chantier qui allait peut être durer 5 ans et après……Le contrat ne fut pas conclu par mon entreprise ; exit le Pas de Calais d’où j’avais pourtant quelques vénérables ancêtres….les Dumont, mais ça remonte au moins à 4 générations, alors sans regret.
Un été 86 à refaire surface et à voyager, selon les infos, d’un chantier TGV à un chantier d’autoroute, le retour en Afrique étant exclu en raison de l’âge des enfants, Eric et Cécile, et la perspective de leurs prochaines études supérieures. Vers le 15 août, j’eus la visite d’un type dont j’avais fait la connaissance dans les années 80 ; un coup de fil et quelques heures plus tard il arrivait, en short, avec femme et enfant, prendre l’apéro et me proposer l’agence de Niort ; en fait il fallait la remettre en route cette agence qui était fermée depuis plusieurs années pour cause de faiblesse d’activité. JLR, était le directeur régional de la région Sud-ouest de cette société (L.B.T.P) dans laquelle je travaillais depuis 19 ans, mais que, finalement, je connaissais assez mal, pour avoir été le plus souvent mis à disposition d’un autre organisme (Entreprise, Bureau d’étude ou Maître d’œuvre et Administration). JLR, dans ce cadre estival, semblait jovial et sympa ; à l’usage je sus plus tard que c’était un vrai noc, et il le deviendra d’autant plus quand il apprit que j’étais de gauche ; Me voilà, donc, parti pour le Poitou-Charentes, et j’arrivai à Niort début septembre il y a 21 ans. Pour la 1ère année Pilou et les enfants resteraient à Nîmes, le temps de vérifier que l’implantation de cette agence à Niort était viable.
 
Elle fut viable (et elle l’est toujours). Ma chance fut le pont de l’Ile de Ré, dont nous décrochâmes une grande partie des contrôles. En cette fin d’année 1986, toutes les études de formulations de béton furent faîtes dans mon agence en partenariat avec un jeune ingénieur de Bouygues C. L. (je ferai un jour un article sur ce fabuleux chantier). Au cours de cette 1ère année, jusqu’à l’implantation de la famille en septembre 1987, pris par ce challenge professionnel et les retours hebdomadaires ou bimensuels à Nîmes, je n’ai pas eu beaucoup le temps de connaître Niort. 3 ou 4 choses m’ont, quand même, marqué :
1/ Le centre ville était « peu accrocheur » avec en particulier un parking de surface qui s’appelle la brèche et que j’ai toujours nommé la verrue.
2/ Etant encarté « socialiste » je me suis normalement rapproché de la section niortaise. Même si je l’ai peu fréquentée cette 1ère année, ce fut suffisant pour découvrir ce qu’était l’engagement politique alimentaire. Tout tournait autour du maire socialiste, pourtant en place depuis peu (le décès de René Gaillard en décembre 1985 et son remplacement par Bernard Bellec). La section était à la botte du maire, avec un secrétaire de section Roger R. sectaire qui veillait au grain. Comment ai-je fait pour y rester….. alimentaire, élémentaire mon cher Watson, moi aussi j’avais besoin de la section ….pour me faire des relations, des copains, … et quelques uns devinrent de vrais amis…mais après que j’eus commencé à semer les graines de la révolte dans ce système féodal…… Roger n’avait aucune prise sur moi et ceux, rares il est vrai, qui n’en avaient rien à cirer de devenir conseiller municipal. Quelle était loin, ma section conviviale de Yaoundé, où nous n’avions pas d’autre activité que de refaire le monde ; ce qui est bien plus facile.
3/ En lisant le journal local, la N.R, j’appris qu’il y avait une association de jumelage coopération avec une ville du Togo, Atakpamé. Je m’en suis rapproché et j’ai retrouvé le plaisir de discuter et de m’investir ; je fis la connaissance de mon 1er ami niortais Dd. Nopin. (j’y reviendrai bientôt.)
4/ Je découvrais aussi qu’il y avait à Niort une quantité incroyable de gens qui s’appelaient BAUDIN. Des cousins ? Ça ce fut ma plus grosse surprise ; je pensais porter un nom peu répandu car jamais je n’avais rencontré de Baudin, hors famille, lors de mes grandes vadrouilles. Ni à l’école, ni au lycée, ni au rugby, ni dans le milieu professionnel, nulle part et jamais je n’avais eu l’occasion de côtoyer un(e) autre Baudin, pas même un(e) Bodin….et là, sur Niort, dans les Deux Sèvres ils étaient à foison. Au Conseil Municipal d’alors, et si je me souviens bien, Il y en avait 3 : 2 socialos et 1 communiste. (Actuellement le maire « intérimaire », suite à la démission de l’ancien Maire, se nomme Alain Baudin et il est socialiste et très sympa….peut être un peu fragile, allo Maman bobo, et c’est pourquoi, lors du prochain vote interne d’investiture et face à Gégée, ce presque cousin ne sera pas mon choix.). Il y a même à Niort un autre Daniel Baudin, le président des anciens d’Indochine ; pendant des années j’ai reçu, en janvier, des coups de téléphone, ponctués d’un « Bonne année mon Colonel ». Un jour on s’est rencontré lors de l’inauguration de la foire de Niort ; avec un grand sourire il m’a donné une virile poignée de main et m’a dit « Je suis bien content de vous rencontrer enfin…» et d’un ton très Bigeard se tournant vers celui qui nous présentait il a ajouté « …et en plus c’est un beau poulet » (Heureusement qu’il ne connaissait pas mes états de services militaires …!!).
 
Baudin n’est pas et de loin le nom le plus répandu en France, il était en 1995 au 661ème rang avec 7181 individu(e)s. En Deux Sèvres il est nettement mieux placé avec une centaine d’individus : en 3ème ou 4ème position des départements (en comptant Paris) mais en léger recul sur la dernière décennie : la Haute Saône caracole en tête, suivi de Paris alors que Maine et Loire et Deux Sèvres, sont au coude à coude pour la médaille de bronze et que Vendée, Vienne, Charente et Charente Maritime restent bien placées pour une place en finale où s’incrustent, forcément, les départements les plus peuplés. Cette abondance de « cousins » sur le Niortais, ces coïncidences m’ont encouragé à faire une recherche généalogique, d’aller à la pêche à la lignée.
 
J’ai dû commencer cette recherche en 1995. J’avais la carte militaire de mon grand-père, Marcel Clément, et je savais qu’il était né, à Paris dans le 20ème, le 18 juillet 1898. Je suis allé aux archives départementales de la ville de Paris, pour essayer de trouver trace de son père Henri Joseph, l’infâme qui a abandonné femme et enfants, et dont Marcel ne parlait jamais. Aux archives, à l’époque ça marchait par bobines de microfilms, que l’on prenait et que l’on allait consulter sur une visionneuse. Je me suis dit qu’il pouvait y avoir une chance qu’il soit né lui aussi dans le 20ème et une trentaine d’années plus tôt, puisque Marcel avait un frère aîné plus âgé de 3 ans ; aussi au lieu de commencer par une bobine du 1er arrondissement, comme aurait fait n’importe qui, je choisis une bobine du 20ème. C’était le bon choix et comme on était deux, Pilou restant à la visionneuse pendant que j’allais chercher les bobines, ce fut finalement assez rapide. Henri Joseph, mon arrière grand père, est né à Paris 20ème le 14/11/1869.
Ensuite d’information en information, par courriers aux mairies et avec beaucoup de patience, j’ai pu remonter le temps et les territoires de la lignée.
Ainsi Henri Joseph épousa Clémence Régnat et lui fit 2 fils, Maurice Henri et Marcel Clément, avant de préférer les champs de courses et les bistrots à l’usine et au foyer familial. Son épouse Clémence avait par ses parents, Annet Regnat et Adèle Troquet, des racines à St Jean d’Ambur en Puy de Dôme, et à Malincourt dans le Nord.
En remontant la lignée Baudin, j’appris ensuite qu’Henri Joseph avait pour père Emmanuel Baudin né en 1827 à St Loup sur Semouse (Haute Saône) et pour mère Célestine Dufresne née en 1830 à Boursonne (Oise).
Ce qui est intéressant sur ces actes de mariage c’est de retrouver les terroirs de ses ancêtres qui se sont rencontrés à Paris ou en région parisienne ainsi que les informations sur les métiers qu’ils pratiquaient ; ainsi Emmanuel puis Henri Joseph furent respectivement fondeur sur cuivre et tôlier. Dans quelque temps je parlerai des talents d’artiste de mon oncle Didi qui a fait de magnifiques tableaux en cuivre et a réalisé, comme professionnel dans le milieu du cinéma, les décors pour des films prestigieux. Didi n’a pourtant jamais connu son arrière grand père, ni son grand père que Marcel, son père, a lui-même très peu vu.
 
Avec Emmanuel BAUDIN on arrive, donc, en Haute Saône le département où l’on trouve le plus de Baudin. Emmanuel était un enfant naturel, sa mère Marie Françoise Josèphe, née le 14ème jour de Germinal de l’an 12 de la république française (approximativement avril 1803) a fait un bébé toute seule. Damnation, je ne devrais, donc, pas m’appeler Baudin (à moins que….ils sont tellement nombreux les Baudin dans ce département…. d’ailleurs après la naissance d’Emmanuel, elle épousa un Joseph Baudouin.)
En continuant à remonter le temps j’ai pu obtenir, de St Loup, l’acte de mariage de François Baudin et d’Anne Mougin, François dont j’ai déjà parlé dans mon 1er article, un militaire, probablement soldat du roi, puis de la révolution et enfin du petit caporal (non l’autre, le vrai)….et surprise, on y apprend que François est né dans le Maine et Loire en 1757 à St Georges des 7 voies. Son père Nicolas Baudin était pécheur sur la Loire. Je suis passé une fois par St Georges, c’était un dimanche et la mairie était fermée, mais je suis allé au cimetière où j'ai constaté qu'il y avait de très nombreuses tombes « Baudin »; c’est bien le pays de mes ancêtres ;…et comme ce village n’est qu’à une trentaine de kilomètres de la frontière des Deux Sèvres….j’annexe : je suis bien originaire de ma région d’adoption où j’ai débarqué en septembre 1986 ; un retour aux sources en quelques sorte.
 
Num--riser-copie-1.jpgIl a failli, quand même, y avoir un bémol et c’est de la faute à Georges. Georges A. était un collègue de travail, et néanmoins un très, très bon copain. Dans mon entreprise c’était notre référent ingénieur routier expert en revêtement de chaussée. Quand je faisais un chantier de réfection de la couche de roulement pour les ASF ce qui arrivait chaque année (parfois même 2) j’avais besoin de Georges comme conseiller en début de chantier. En plus de ses compétences professionnelles il était en tant qu’ancien militant du PSU (qu’il nommait le psu) d’une agréable compagnie. Un jour, ça devait être en 1995 il me dit : 
« Dimanche avec mon épouse et les enfants, nous sommes allé au musée Carnavalet, dans le quartier du Marais à Paris. C’est le musée d’histoire de la ville de Paris et au détour des salles je suis tombé sur le tableau du député Alphonse Baudin.  Ce n’est pas croyable comme tu lui ressembles, c’est ton portrait craché. Une telle ressemblance, cela signifie que c’est, forcément, un de tes ancêtres. ». (Tableau de Ernest Louis Pichio)
Moi à cette époque, j’avais déjà obtenu suffisamment d’information pour mon arbre généalogique pour savoir que ça ne collait pas trop…..et puis toute la famille le dit je suis le portrait de ma mère et je n'ai pas hérité de grand chose du côté paternel.
L’année suivante Georges revint et me demanda «  Alors es-tu allé au Musée Carnavalet ?» 
     Non bien sûr je n'y étais pas allé et ce fut comme ça pendant 3 ou 4 ans ; à l'occasion de chaque nouveau chantier; la même question revenait, et embarrassé par son insistance, je faisais toujours la même réponse . En 1998 ou 99, Georges a changé d’entreprise en fin d’année, et il m’a envoyé, en vœux de bonne année, une photo du tableau…..et là effectivement ça devenait troublant….et du coup, et j’en demande pardon à mes amis niortais, j’aurais bien échangé un banal chauvinisme Deux Sévrien contre une flatteuse référence historique ; avoir pour ancêtre un héros mort sur les barricades ça en jette. Alphonse fut assassiné par la troupe qui repoussait les manifestants descendus dans la rue pour s’opposer au coup d’état de Louis Napoléon le président de la république qui en décembre 1851 se proclamait, sous le nom de Napoléon III, empereur des français. Alphonse Baudin s’écriait, avant de tomber, sous les balles : "Voyez comment on meurt pour 25 francs". La solde d’un député.
Il y a 2 ans je suis, enfin, allé au Musée Carnavalet, voir ce tableau ; il y avait peu de monde et je me suis mis à côté du tableau dans la même position ; il y avait une surveillante qui, intriguée, m'observait;   elle s’approcha et me demanda ce que je faisais :
« C’est un de mes ancêtres - ai-je menti - ne trouvez vous pas que je lui ressemble ?».
 La  dame a pris son temps, s’est reculée, a jugé et m’a déclaré de façon péremptoire:
« Absolument pas, vous êtes nettement plus vieux et plus gros. »
C’est sûr que je n’avais pas fait une touche avec cette brave dame et pour la pêche à la lignée ce n’est pas une bonne amorce.
Fin de l’enquête….donc. C’est bien dommage et pourtant de l’avis de beaucoup, Georges a raison pour ce qui concerne cette curieuse ressemblance.... mais une ressemblance à 40 ans tous les deux. ….allez donc savoir pourquoi ? Simple coïncidence ? Peut être que Marie Françoise Josèphe a-t-elle croisé le père d’Alphonse ; La famille d'Alphonse était de l’Ain, frontière avec la Haute Saône qui est sur la route en montant de Nantua à Paris….alors on ne sait jamais. 
     Et puis non, ça ne colle toujours pas,  je ressemble trop à ma mère….alors peut être qu’une arrière grand-mère auvergnate aurait pu rencontrer…..non il faut être lucide c’est trop improbable..... 
     
      Et si je cherchais dans la généalogie de Nicolas Thomas Baudin qui est né à St Martin de Ré en février 1754, et qui fut marin et explorateur (il a conduit une expédition vers les Terres Australes entre 1800 et 1804 avec 2 navires, le Géographe et le Naturaliste, et une équipe de zoologistes et botanistes) ……alors, faute de résistant à l'oppression, avoir comme ancêtre un explorateur ça m’irait encore assez bien……
 
A suivre....
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